Le Général-Major Mohammed Kaidi, ancien coordinateur des renseignements, condamné à 8 ans de prison ferme

L’ancien coordinateur du renseignement algérien, le Général-Major Mohammed Kaidi, a été condamné à huit ans de prison militaire, nous ont annoncé des sources militaires le 23 décembre 2024, date coïncidant avec l’anniversaire du décès de l’ancien Chef d’État-Major de l’armée Ahmed Gaïd Salah.

Le procureur militaire Fouad Boukhari a saisi le juge d’instruction militaire Nassib Abdelmalek, qui a ordonné la détention de Kaidi à la prison militaire de Blida. L’ancien chef des services de renseignement devient le 61e officier général actuellement détenu dans les centres de détention militaires algériens.
Les autorités militaires officielles n’ont pas divulgué officiellement les accusations spécifiques qui ont conduit à la condamnation à huit ans de prison. Nos sources nous ont confirmé que des allégations liées à l’espionnage constituaient la façade du dossier, bien que ces affirmations ne puissent être vérifiées de manière indépendante.
Plusieurs sources, sous couvert d’anonymat, nous ont indiqué que la rivalité perçue par Saïd Chengriha aurait joué un rôle crucial dans la condamnation du général Kaidi.

Montée en puissance
En mai 2019, le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, a nommé le général Mohammed Kaidi coordinateur de tous les services de sécurité, en remplacement du général Athmane Tartag. Le général Bouazza Ouassini avait alors été nommé directeur du contre-espionnage.
Kaidi, qui est devenu le plus jeune général de sa génération, a d’abord bénéficié du soutien de l’ancien chef d’état-major Ahmed Gaid Salah et de l’actuel chef d’état-major de l’armée Said Chengriha. Son ascension rapide dans les rangs militaires et son influence croissante au sein de l’institution ont fait de lui une étoile brillante du commandement militaire algérien.
L’ancien poste de Kaidi en tant que chef du département de la formation et de la préparation, un rôle stratégiquement vital précédemment occupé par l’ancien chef d’état-major Mohammed Lamari, impliquait la supervision de la planification des opérations terrestres, aériennes et navales. Ce poste comporte traditionnellement d’importantes responsabilités internationales, notamment celle de représenter l’Algérie dans les forums mondiaux de coopération en matière de sécurité. L’influence du département s’étend à toutes les branches de l’armée, ce qui rend son leadership particulièrement sensible au sein de la hiérarchie militaire.


Le général-major Mohammed Kaidi au sommet de la Maison Blanche sur la lutte contre les extrémistes violents en février 2015

« Le poste implique par nature une interaction importante avec les partenaires internationaux et un pouvoir de décision autonome« , a déclaré un ancien responsable militaire qui a requis l’anonymat en raison de la nature sensible du sujet.
Nos sources indiquent que le style de gestion et l’approche diplomatique de Kaidi, en particulier en ce qui concerne le Maroc, l’avaient distingués de la doctrine militaire guerrière de Chengriha. L’expansion de son influence et de sa base de soutien parmi les commandants régionaux a suscité une rivalité perceptible de la part de Saïd Chengriha.
« Sa trajectoire professionnelle sans précédent et son autorité croissante au sein de l’établissement militaire lui ont valu d’être à la fois admiré et jalousé« , a ajouté la même source.

Un challenger pour Saïd Chengriha
Des documents et des sources familières avec les affaires militaires internes révèlent que des tensions entre le général Kaidi et le commandement militaire sont apparues en 2021, lorsque Kaidi a mené des évaluations complètes des régions militaires de l’Algérie. Cette évaluation, qui a reçu le soutien des commandants militaires régionaux, aurait remis en question les structures d’autorité établies. Des sources indiquent que les rapports de Kaidi se sont particulièrement concentrés sur l’état de préparation opérationnelle et la répartition des forces régionales. Lors d’une réunion cruciale avec le chef d’état-major de l’armée, Said Chengriha, le 4 novembre 2021, apparemment destinée à discuter des questions de sécurité liées au Maroc, Kaidi aurait présenté des points de vue propres à lui sur la gestion de la sécurité aux frontières. Selon des sources au fait de la réunion, qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat, Kaidi a soulevé des préoccupations concernant la circulation des civils dans les zones militaires restreintes et a remis en question certains aspects des politiques de sécurité régionales.
Avant son arrestation, Kaidi avait obtenu un soutien important de la part des commandants régionaux en vue d’une éventuelle nomination à la tête des forces terrestres, pour succéder au général Athamnia.

Son limogeage
La 14ème session du comité mixte de coopération sectorielle algéro-malienne s’est tenue le 12 février 2021. Le général Kaidi y a participé en tant que représentant de l’ANP. Cependant, dans le communiqué final de l’état-major malien, le général-major Kaidi a été qualifié de chef d’état-major adjoint. Le général Chengriha s’est offusqué de cette description, d’autant plus que le site Internet de l’ambassade d’Algérie à Bamako a reproduit tel quel le communiqué de l’armée malienne. La visibilité internationale, notamment auprès des Français, des Allemands et des Russes, dérange la vieille garde du haut commandement.
Le général Mohammed Kaidi, a été démis de ses fonctions en novembre 2021 par le général Saïd Chengriha. En décembre 2024, l’affaire de l’emprisonnement du général-major Kaidi représente la dernière d’une série de poursuites militaires très médiatisées qui ont vu au moins 60 généraux et des dizaines d’officiers emprisonnés ces dernières années depuis l’arrivée au pouvoir de Saïd Chengriha en 2020.
Les autorités judiciaires militaires ont refusé de fournir des détails sur le déroulement du procès ou sur les preuves présentées contre Kaidi. De nombreuses demandes de commentaires sont restées sans réponse.

 

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