Le lourd héritage du colonel Slimane Bouchouareb

Il n’a laissé derrière lui ni de comptes bancaires bien garnis en Suisse ou ailleurs, ni de brasseries ou hôtels et encore moins de somptueuses villas sur la côte d’Azur ou en Espagne. Juste une maison familiale que les héritiers n’arrivent pas, jusqu’à aujourd’hui, à en bénéficier pour de sordides histoires que seule la justice algérienne sait monter de toutes pièces.

En 2009 à Paris, est décédé le Colonel Slimane Bouchouareb, dont le dernier poste avait été : Directeur Central des Personnels et de la Justice Militaire au Ministère de la Défense nationale jusqu’en 1989. Cet homme, diplômé de l’académie militaire de Moscou et de l’école de guerre de Paris, fut par ailleurs l’aide de camp du Président Houari Boumediene à la fin des années 60. « Je préciserai que cette personnalité n’avait pas laissé « d’ardoise » dans les hôpitaux parisiens », confie l’un de ses proches. En effet, son épouse française de souche, cadre de santé, cotisait auprès d’une assurance santé française, pour sa couverture médicale et celle de son mari.

L’ancien directeur du personnel et de la justice militaire , pour des raisons personnelles, avait exprimé le vœu, à sa famille, de ne pas l’enterrer en Algérie. Il avait fait le choix que sa dernière demeure soit en Gironde, berceau familial de son épouse. Pour éviter à sa femme et à ses enfants des représailles qu’il redoutait, en raison du lieu de ses obsèques (« chez l’ennemi »), il en avait informé un ancien cadre du DRS (Département du Renseignement et de la Sécurité), le colonel Mohamed Chafik Mesbah.

Dans l’hommage qu’il lui avait , après son décès, dans le quotidien « Le Soir d’Algérie », le colonel Mesbah avait révélé que le défunt avait refusé d’être enterré en Algérie en présence de « cupides, médiocres et serviles qu’il méprisait » (chacun devinera à qui il pensait).

Quelques jours avant les obsèques, la famille du défunt faisait l’objet d’insupportables pressions (pour ne parler que de pressions) afin qu’elle accepte le principe du rapatriement du corps, par avion spécial vers Alger,… en vain.

A l’issue des obsèques dans un cimetière situé dans la région de Bordeaux, un Ministre algérien proche de Bouteflika, du nom d’Abdeslam Bouchouareb, demi-frère du défunt Colonel (ils étaient brouillés depuis 20 ans), qui s’était invité à la cérémonie, n’avait pas hésité à menacer la famille endeuillée en ces termes: « Cet enterrement en terre française, vous coûtera très cher à Alger ».

Les menaces de représailles furent rapidement mises à exécution.

En effet, peu après les obsèques, la veuve se déplaça à Alger pour entamer les procédures de succession. Sur place, elle fut informée que pour pouvoir hériter de son époux, elle devait obligatoirement se convertit à l’islam. Catholique et tenant à sa religion, cette veuve répondit très dignement : « Me convertir à l’islam par intérêt, même pour récupérer ce qui m’appartient, serait faire injure à ma conscience et probablement même à votre religion ». Elle fut ainsi exclue de la succession manu-militari. Pourtant, selon un juriste, cette femme qui avait acheté avec son mari la villa familiale, n’aurait jamais dû se faire exclure du partage.

Quelques semaines plus tard, une fois à Alger, le fils et la fille du défunt apprirent qu’ils étaient eux aussi exclus de la succession de leur père, suite à une accusation d’apostasie totalement fabriquée et qui par ailleurs n’a jamais été prouvée. Le fils du défunt, avait même été accusé par le tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger, d’avoir fait supprimer son prénom algérien pour le remplacer par un prénom chrétien lors de son installation définitive en France au tout début des années 90. Accusation totalement fantaisiste que l’accusé avait démonté preuves à l’appui, lors de son appel dans ce même tribunal.

Il se trouve que l’accusatrice, membre de cette famille, serait la seule coupable d’apostasie dans cette affaire, selon les critères du ministère algérien de la justice. En effet, le fils du Colonel décédé, ayant discrètement reçu des informations bienveillantes de personnalités algériennes écœurées par cette injustice, avait demandé à son avocat français d’engager un détective privé parisien réputé, pour enquêter sur cette accusatrice franco-algérienne, qui semblait tellement patriote et tellement attachée à l’islam.

Il est ressorti de cette enquête, et c’est à peine croyable, que l’accusatrice est franco-algérienne et Pacsée en France, avec un juriste Français de confession chrétienne avec lequel elle posséderait un très bel appartement tout près du Moulin Rouge à Paris-Montmartre.

La courageuse avocate Kabyle de la famille malmenée par la justice algérienne, ayant remis ce rapport d’enquête au tribunal de Birmandreis à Alger, l’accusation d’apostasie a été gelée, mais 15 ans après le décès du Colonel Slimane Bouchouareb, les héritiers, victimes d’une ignoble injustice, n’ont toujours pas pu hériter de leur père.

Pire, l’accusatrice, qui au cours de l’année 2024, avait fini par écoper d’une peine d’emprisonnement de 3 ans ferme, n’a jamais purgé sa peine, sauvée par l’intervention d’un Colonel, un ancien haut magistrat militaire. Déjà, en 2014, elle avait été condamnée à 18 mois de prison ferme, qu’elle n’avait jamais purgé, suite à « un coup de téléphone » salutaire.

Ce magistrat militaire retraité – comme d’autres – sera cité dans le dépôt de plainte qui se prépare actuellement auprès des instances internationales.

« Il n’y a pas de justice en Algérie, pour la simple raison qu’il n’y a pas d’état de droit en Algérie, tout simplement parce qu’il n’y a plus de forces vives de la nation en Algérie » déplore l’un des fils du colonel Slimane Bouchouareb. Et de s’interroger « Mais alors que reste-t-il vraiment de la nation ? » avant d’apporter une réponse tout à fait logique à son interrogation, « Il reste une façade trompeuse et défraichie, derrière laquelle par exemple, les élections sont tronquées et truquées du « Président de la république », jusqu’à « l’élu municipal » de la plus reculée et plus petite des communes ». Oui, tout est truqué et tronqué en Algérie. 5

Il n’y a même plus ce qui existait jusqu’à la fin des années 70, c’est-à-dire le sens du devoir, de l’honneur et de la dignité, l’amour du pays et la volonté de bâtir une nation progressiste, juste, moderne et respectée.

Les intellectuels algériens, mais pas qu’eux, qui ne cessent de prendre le chemin ou plutôt le cap-nord de l’exil, observent avec humiliation l’attitude de leurs dirigeants qui tendent la main à 360° pour ratiboiser à l’international tout ce qui pourrait être pris à l’image des aides au développement et autres subventions.

Ces financements dont profite l’Algérie, proviennent pour beaucoup de l’Union Européenne et de l’Amérique du nord. Hormis la question de savoir ce qu’il advient de cet argent et surtout de savoir si les pays donateurs contrôlent réellement l’usage de cet argent, il se pose un sérieux problème de morale et disons les choses, d’orgueil pour le régime Algérien.

En effet, l’Union Européenne, qui est incontestablement très généreuse, pour ne pas dire candide avec l’Algérie (comme la France), est composée de populations de traditions très majoritairement judéo-chrétiennes.

Alors, comment est-il possible que l’Algérie, interdise à une européenne d’hériter de son époux algérien, parce qu’elle est chrétienne, tout en acceptant parallèlement l’argent des contribuables européens qui sont très majoritairement chrétiens ou juifs ?

Cette question pourrait faire l’objet d’une thèse dans une faculté de psychologie et de psychanalyse. Elle pourrait même être proposée à l’ENA en « section diplomatie » ou encore en « école de commerce ». En effet, diplomatie n’est pas abjuration tout comme commerce n’est pas concussion.

Il faut savoir que l’Algérie a bénéficié de très nombreuses aides financières de l’Europe. Un secteur a cependant été particulièrement soutenu, celui de la « justice ». Oui, ça n’est pas une galéjade et parmi les nombreuses aides et subventions européennes allouées à la « justice » algérienne, il y en a une qui ne fera pas sourire les contribuables européens et surtout français, qui ont payé 2 fois pour la même subvention.

En effet, après les financements des projets : Justice-1, Justice-2, EuromedJustice et tout le reste, Le PASJA (Programme d’Aide et de Soutien à la Justice Algérienne), devait compléter les étrennes destinées au régime algérien. 6

Financé par l’Union Européenne à hauteur de 10 millions d’euros et par la généreuse France (qui avait payé une seconde fois en injectant près de 500 000 euros supplémentaires), le PASJA avait 2 objectifs essentiels :

  • Indépendance et modernisation de la justice ;
  • Meilleurs accès au droit et à une justice équitable

Autant dire que ces financements auront été des dépenses inutiles dans la mesure ou la « justice » algérienne procède à des arbitrages iniques pour non-conformité religieuse, piétinant ainsi la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dont elle est signataire. Par ses méthodes abjectes, le régime algérien adresse un grossier bras d’honneur aux pays donateurs, qu’ils soient américains ou européens.

Quoi de plus normal pour un pays qui ne respecte même pas ses propres lois ?

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