Révélation: les militaires algériens voulaient assassiner Chadli

Dans un article publié le 8 mai 2025, L’Express révèle que les généraux algériens n’ont pas seulement sollicité l’approbation de François Mitterrand avant de suspendre le processus électoral en janvier 1992 : ils ont également dû garantir que le président Chadli Bendjedid ne serait pas assassiné. Cette promesse formulée à la partie française constitue une révélation grave, une clause de non-assassinat, suggérant que l’élimination de Chadli était déjà envisagée dès décembre 1991.
Jean-Charles Marchiani, ancien agent du renseignement français, a confirmé l’existence de contacts entre les généraux et l’Élysée entre les deux tours des élections. Selon lui, Mitterrand a donné son accord “de manière sibylline mais très claire” pour interrompre le processus électoral.
Le 11 janvier 1992, Chadli est contraint de démissionner. Le lendemain, les chars entrent dans Alger. Les généraux affirment alors vouloir respecter “les droits de l’homme” , y compris la vie de Chadli, invoquant ses relations personnelles avec Mitterrand et Hubert Védrine.
Sept mois plus tard, le 29 juin 1992, Mohamed Boudiaf, Président du Haut Comité d’État de la République algérienne, est assassiné en direct à la télévision. Le pays bascule dans une guerre civile de dix ans. Des années plus tard, son fils, Nacer Boudiaf, accusera publiquement les généraux Khaled Nezzar, Mohamed Mediene, Larbi Belkheir et Smaïn Lamari d’avoir commandité l’assassinat.
Smaïn Lamari meurt le 28 août 2007, Larbi Belkheir le 28 janvier 2010, tandis que Khaled Nezzar a été inculpé en août 2023 par le Ministère public de la Confédération suisse pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Son procès, prévu à Bellinzone entre le 17 juin et le 19 juillet 2024, n’aura pas lieu : il décède le 29 décembre 2023.
Mohamed Mediene, toujours vivant, revient au pouvoir dès 2020 et voit ses anciens hommes, comme Chafik Mesbah, maintenir une influence centrale dans ce que de nombreux observateurs décrivent comme la période la plus autoritaire de l’Algérie indépendante.
Abderrahmane Fares.