Y a-t-il une place pour le Front Polisario dans l’avenir autonome marocain du Sahara ?

Une préoccupation grandissante émerge quant à l’avenir du Front Polisario, de ses membres, de ses partisans et de leurs familles dans le cadre de la réorganisation socio-politique du Sahara, suite à la mise en œuvre de la proposition d’autonomie avancée formulée par le roi Mohammed VI.
Ce modèle d’autonomie, dont les grandes lignes sont déjà connues et débattues, réserve un rôle au mouvement indépendantiste sahraoui dans l’avenir de la région : dirigeants, cadres, militants, combattants armés, ainsi que les populations des camps de réfugiés de Tindouf (sud-ouest algérien).
La question est déjà posée, et différentes pistes de solutions sont discutées.
Le gouvernement marocain a initié une réunion entre une commission d’experts dirigée par le Dr Mohamed Zahraoui, professeur de droit constitutionnel et sciences politiques à l’Université d’El Jadida, et le Centre marocain de diplomatie parallèle présidé par le Dr Abdelfatah Alba Laamchi.
Le Maroc veut aller au-delà du simple slogan. Il veut donner un contenu concret à l’autonomie, prenant en compte les intérêts des États concernés (Maroc, Algérie, Mauritanie) ainsi que ceux des acteurs sahraouis, y compris le Front Polisario.
La première phase de ce dialogue a abouti à un document intitulé : « L’avenir du Polisario une fois le conflit terminé », abordant plusieurs points cruciaux.
Il traite d’abord du sort des dirigeants du Polisario, en insistant sur une égalité de traitement, indépendamment de leur position passée sur l’autonomie. Il évoque également les rivalités potentielles entre les élites sahraouies locales et les dirigeants du Polisario.
Dans ce cadre, l’institution monarchique est présentée comme garante de l’équilibre. Le Palais royal est appelé à jouer le rôle d’arbitre impartial.
Concernant les armes, le rapport souligne l’importance du soutien international, notamment du Conseil de sécurité. Le désarmement et l’intégration des combattants sont essentiels, comme l’a montré l’histoire militaire marocaine.
Le troisième point concerne le démantèlement de la structure politique du Polisario, une organisation dotée d’une hiérarchie et de réseaux influents. Le Maroc devra démontrer sa capacité à intégrer ces élites, avec des garanties internationales.
Enfin, le rapport traite du sort des réfugiés de Tindouf, point complexe en raison des divisions internes. Le plan d’autonomie ne devra favoriser ni marginaliser aucun groupe, et un processus de réintégration sera nécessaire, avec prise en compte des spécificités ethniques et tribales.
Le Maroc trace ainsi une feuille de route inclusive et démocratique, avec pour objectif de clore définitivement un conflit de faible intensité mais à fort impact humain.